Recherche des civilisations passées, présentes et futures.
Projection sur le futur. Architecture. Peinture. Sculpture. Philosophie.
Le souvenir de visites de sites archéologiques et la lecture d’ouvrages sur les civilisations passées étaient mes nouvelles sources d’inspiration. Cette démarche n’était pas due au hasard ni à un caprice soudain. Ma précédente période déclencha naturellement le passage de la représentation de la femme à son symbole, soit la continuité de la vie qui forge les civilisations.
Il ne s’agissait pas d’imiter les archéologues et ethnologues mais seulement d’être attentif, par une approche artistique, à ces périodes de l’histoire. Je me penchais plus particulièrement sur leurs architectures, témoins de leurs degrés d’acquis et de perfectionnement.
Pour fil conducteur, je retins qu’une ethnie disparaissait pour de multiples raisons (guerres, ruptures des équilibres naturels, faiblesses techniques face à d’autres peuples). L’observation des vestiges du passé, comme les mégalithes, les ziggourats, les pyramides, les temples mais aussi les objets usuels (vases ou lampes) m’offrait de solides bases de construction. L’étude de leurs édifices s’avérait riche d’enseignements dans la gestation de mes projets en sculptures.
Disposant de schémas, il m’était possible d’obtenir de nouveaux volumes à partir d’un cylindre, d’une pyramide tronquée, d’un anneau sphérique et d’un prisme. L’utilisation du carré, du cercle et de polygones me servait de surfaces de sustentation.
Ma principale difficulté était de suggérer que toutes ces civilisations, passées, présentes et à venir, ne formaient qu’une seule : l’humanité en devenir. Elle passait des forces de l’ombre et d’une certaine barbarie à l’apprentissage de la liberté. Cela fut un travail complexe. En effet, il me fallait découvrir un lien commun à ces représentations.
Je le trouvais dans leur persistance face à la main du temps qui balayait leurs prétentions à l’immortalité. De même, toutes ces civilisations affirmaient leur résistance par rapport à la nature et à l’absence d’explications sur l’énigme de la vie. En somme, je devais traduire, et peu importait l’époque, leur souci de s’imposer et de repousser le néant. Je concentrais donc une civilisation en une construction et en une architecture qui tendait à l’intemporalité.
Colonne d’appui et mon principal centre d’intérêt, je mettais la femme à l’honneur. Symbole de procréation, déesse-mère ou prêtresse sondant la volonté des dieux et communiquant à la terre, elle se faisait la gardienne de la survie de l’humanité. Elle était à la fois la verticale créée par la lumière céleste et l’horizontale reliant toutes les civilisations à la même fratrie.
Exécutée en argile, ceinturée d’éléments divers, finement ciselée avec force détails, cet éternel féminin attirait le spectateur vers le haut et lui permettait d’espérer. Habillée ou non, au visage souvent angélique et souriant, ses yeux plongés dans les siens, elle l’instruisait sur sa destinée, tel un oracle.