Recherches sur les lois de l’univers.
Peintures acryliques (110cm x 125cm; 110cm x 145cm)
La découverte tardive de l’art contemporain et de ses orientations eut un impact considérable sur mon travail. Elle teinta fortement, et définitivement, mes investigations. Il me parut intéressant d’orchestrer l’abstraction (à laquelle j’avais goûté de 1985 à 1990) avec des recherches contemporaines.
Les nombreuses sculptures, non conventionnelles, que j’avais créées depuis 1986 jouèrent un rôle déterminant dans la réalisation de mes tableaux. En effet, j’introduisis du relief dans mes toiles. Jusqu’aux « Abstractions sabatiériennes », ma peinture s’était présentée sans aucune trace de coup de pinceau. Allier couleur et aspérité devait à présent accrocher l’œil, sans susciter, chez le spectateur, indifférence ou incompréhension. Bien entendu, cela compliquait ma tâche. Mais utiliser des matériaux divers (sable, tissus, cordes, plastique, cuivre) me permit d’imposer des cratères lunaires et des figures géométriques indéfinies.
En accrochant la lumière, ces derniers offraient une approche de l’univers. En mettant au point des gnoses, j’essayais de représenter artistiquement notre espace sidéral. Toutefois, j’optais pour la prudence dans ce domaine. Je ne cédais pas à une vision globale et unique de l’univers. Mes toiles n’avaient pas de souffle mystique, terrain aux contours trop incertains.
Cependant, par mon investigation plasticienne, je n’excluais pas que la synthèse puisse tendre à l’évidence d’une harmonie cosmique où la matière insufflerait la vie. Dans cette expansion de l’univers, et à travers l’énergie sombre qui la composait principalement, j’éprouvais de la curiosité et du plaisir. Je divaguais sur ses dimensions inconcevables, les forces qui l’animaient et ses formes. L’univers ressemblait-il à un œuf modulable, un cube se dilatant en faces courbes ou à un dodécaèdre ? Les travaux scientifiques que je consultais en proposaient une représentation plate comme une crêpe (surface euclidienne), courbée négativement comme une selle de cheval (surface hyperbolique) ou bien positivement comme une sphère.
En tant que plasticien des formes, j’évitais un hermétisme à connotation gnostique. Exploitant les effets chromatiques qui jouaient avec les reliefs, le résultat devint plus technique que spirituel. Néanmoins, en suggérant l’espace, j’en cachais les clés de décodage. Le spectateur pouvait l’interpréter comme il le souhaitait. S’il y voyait un chat ou le profil d’un ange, pourquoi pas ? C’était dans cette intention que, pour la première fois, mes tableaux n’avaient plus de titre.